De l'utilité de la critique de cinéma

Le critique idéal, c'est celui qui pense comme vous. Le critique idéal n'existe pas.
Le critique utile, c'est celui que l'on connaît. Mieux on le connaît, plus son avis est utile.
Et on le connaît par ses critiques.

Blade, Blade 2 et Blade Trinity


Pour qui aime le film de vampires, Blade apporte une contribution singulière. Vampire résistant au soleil et désireux d’éliminer tous les autres vampires par vengeance, secondé par un mentor qui lui prodigue armes et gadgets en tous genres, obsédé par un passé mystérieux, le personnage de Blade rend intéressant une grande partie du film. Il intrigue, il fascine, il est puissant, impitoyable, marmoréen. Il désintègre ses ennemis à coup d’effets spéciaux originaux. Il est perclus de dilemmes, il se sent vaciller. Il existe. Le reste du scénario, une énième histoire de prophétie, n’est pas aussi consistant, tout comme le méchant vampire en chef, banalement sadique, ricanant et branché. Mais tout cela est filmé avec le souci du récit et des personnages. Ce qui n’est pas le cas de Blade 2. Qui se place d’emblée comme une autre aventure plutôt qu’une suite, un des personnages principaux décédé dans Blade étant présent dans Blade 2. Cette fois, il n’y a pratiquement plus de scénario, juste les péripéties de très monstrueux vampires d’un nouveau genre qui veulent dominer les autres vampires. Et là, je pose la question : qu’est-ce qu’on en a à faire, des luttes de pouvoir entre méchants vampires d’un côté, et très méchants vampires de l’autre ? Rien. Il y a bien un commando de vampires qui s’allie au héros, avec quelques personnages potentiellement savoureux, mais on ne prend pas le temps de dépasser la caricature pour faire exister l’un ou l’autre de ces personnages. C’est que, ce qui l’intéresse, le réalisateur, c’est la baston. Sous toutes ses formes. C’est saoulant et c’est idiot et ça n’en finit pas. Pour le dernier épisode de la série, Blade s’entoure (à son corps défendant) d’une équipe répondant aux critères du films d’ado, à savoir une pin-up combattante gentille et une pin-up combattante méchante et perverse, un costaud mignon et rigolard et un costaud méchant et ridicule. Il combat le vampire originel, qui n’est autre que Dracula – quelle originalité ! – sorte de dandy moyen-ageux qui se transforme à volonté en monstre diabolique surpuissant (mais attention, au lieu de se transformer au début de la baston, il attend d’être vraiment mal, comme dans les vieilles séries japonaises où le héros possède l’arme ultime mais ne l’utilise qu’au bout d’un quart d’heure, quand il se rend compte que les baffes et les pirouettes sont insuffisantes face à la menace extra-terrestre !)

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